« Au fil du temps Lilian parlait de plus en plus de son projet. Il m’expliquait la raison de sa quête, son désir de savoir, de comprendre. Peut-être avoir des réponses aux questions qu’il se pose lui apaisera l'esprit, pour lui permettre de continuer son chemin dans sa vie d’adulte qui ne fait que commencer. Il est venu, pour moi, le temps de la réflexion, le temps de la compréhension. »

Ce qui semble indéniable lorsque j’entends les histoires des gens, ce n'est qu’une fois la vérité dévoilée que les peurs et les doutes disparaissent. Les relations deviennent plus fortes qu’avant, se développent plus sainement et laissent plus de place à la sincérité et à l’amour.

À travers leurs histoires, ce projet vise à mettre en lumière certains des problèmes d’identité des personnes nées par PMA.

« Le temps des réponses, des rencontres commença pour Lilian en ce début d’année 2020. Sans l’admettre, j’étais un peu curieux de ses découvertes, content aussi pour lui et un peu pour moi. »

Papa.

« J'ai perdu ma mère à sept ans et mon père à vingt-cinq. A mes trente-trois ans, je trouve un écrit dans l'ancienne maison de mes parents. Je suis un enfant du don. Je ne pourrai jamais connaître leur parcours, la façon dont ils l'ont vécu et leur montrer ma reconnaissance. Ils sont partis, avec, sur les épaules, le poids de ce lourd secret. »

Alexandre

« Quelques mois après le décès de mon père, quelques jours avant Noël, ma mère nous apprend à ma sœur et moi que nous sommes issues d'une IAD. 

Qu'est ce que ça change? Tout et rien.

Rien, parce que je reste le fruit d'une belle histoire d'amour, un enfant désiré plus que tout au monde...

Tout, parce que je n'ai pas pu dire à mon père que je n'ai pas reçu tout cet amour en vain, que grâce à lui, j'étais celle que je suis devenue. Parce que je n'ai pas pu le rassurer, lui qui avait tellement peur de nous perdre.

Je suis en mouvement, en itinérance. Je construis mon présent, peut-être un jour à la lumière de nouvelles informations génétiques, mais à l’heure actuelle, je réécris mon passé à la lueur du secret dévoilé. »

Julie

« Apprendre à l’âge de 30 ans que l’on a été conçu par don est une épreuve bouleversante. L’apprendre alors qu’on est soi même parent est une épreuve supplémentaire.

C’est le fondement de la transmission qui trébuche.

Devenir père de mon troisième enfant, mon Alice, après la révélation du secret, fut une histoire profondément différente de celle vécue pour mes aînés. »

Vincent

« C'est autour de l’âge de 10 ans que j ai commencé à observer les ressemblances physiques avec mon père. Nous sommes assez différent, il est petit et a les cheveux roux. Moi, je suis grand et coiffé de cheveux châtain. Pourtant, ce que je retiens quand je le vois, ce sont nos ressemblances, nos valeurs humaines et nos passions communes. »

Clément


« J’aimerai que, dans quelques années, le fait d’avoir recours à un don de gamètes soit aussi normalisé et accepté que de naître de manière naturelle, ou que d’avoir recours à l’adoption en cas d’infertilité. Que l’on ne ressente plus de gêne face à cette conception particulière, que les pères et les mères soient fiers de ce qu’ils ont accompli : le plus beau geste d’amour, celui de faire fi de la génétique et d’aimer, d’élever, cet être qui est leur enfant à part entière. Je suis fière de mes parents, pour qui cette histoire familiale n’est enfin plus un tabou. »

Camille

« A la fin des années 70, le modèle familial traditionnel n’ouvrait pas la porte à l’adoption et la fécondation avec don de gamètes était une voie nouvelle. Mes parents voulaient également vivre une grossesse. Ils n’ont rien dit pendant très longtemps. Ils ont porté seuls ce secret pendant des années.

Je suis fier d’être issu du don et fier de mes parents car ils osé faire cette démarche alors que le poids familial pouvait encore être lourd à porter. »

Matthieu